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Le véritable Tantra: Interview de Jean-Louis et Francis Gianfermi

Cette interview a été réalisé dans le cadre du Yoga festival de Paris en 2013


Yoga Festival: Comment êtes-vous venus au yoga ?

J.L. et F Gianfermi: Par un élan spontané de notre nature vers l’age de 12,13 ans , nous avons travaillé seuls poussés par notre inspiration et nos perceptions, étudiant et pratiquant tous les yogas particulièrement le hatha, le laya, le kundalini. En 1980, alors que nous étions aux limites de notre compréhension, nous avons rencontré Swami Jawalyananda Saraswati, disciple de Swami Satyananda et, François Brousse de Perpignan.

Jawalyananda était un yogi d’exception avec des initiations d’exception, comme on en rencontre dans les histoires mystiques. Avec lui commencèrent l’étude et la pratique des techniques supérieures du yoga, notamment les Kriyas Yoga du Kundalini Yoga. Après son départ volontaire (décédé en aout 80) nous avons poursuivi notre formation auprès de son propre maitre Swami Satyananda

Avec François Brousse, FB comme il se nommait lui-même, ce fut l’ouverture vers la vision occidentale de l’éveil de soi, toutes les philosophies, les mystiques, les religions étaient abordées. Il enseignait aussi un puissant yoga, le Yoga Solaire, système composé d’initiations sur les chakras, de techniques respiratoires et de concentrations. Il était d’une connaissance littéralement cosmique et tellement vaste qu’il en devient mystérieux, extra-humain et pour beaucoup inquiétant. Il ne rentre dans aucune case et tous ceux qui l’ont fréquenté ne nous contrediront pas.

L’apport de cette double influence, nous a amené une synthèse et une vision plus grande du Yoga dans son sens large.


Y.F. D’où vient la lignée des Saraswati?

J.L. et F. G. La lignée des Saraswati provient de Shankaracharia, initié au Kriya par Babaji, maître du Kriya Yoga.


Y.F. Qu’enseignez-vous ?

J.L. et F. G. le Yoga Solaire de FB et tous les yogas techniques : Kundalini, Hatha, Raja, Laya, Nidra, méditations tantriques, enseignés à l’école du Bihar aux Indes C’est ce que l’on appelle aujourd’hui le Satyananda Yoga. C’est une école tantrique. Dans nos cours, le travail du corps, des pranayamas, des méditations est privilégié et en constante progression. Ce qui est important pour nous c’est la pratique, moins la théorie.


Y.F. Comment définissez-vous le Tantra ?

J.L. et F. G. Il ya une grande confusion et une grande ignorance sur ce terme, la plupart des pratiquants du hatha yoga ignorent qu’ils font du Tantra yoga. On ne peut résumer le Tantra en quelques lignes, mais essayons d’eclaircir le domaine.

Le Tantra yoga est une voie de réalisation incluant une philosophie et un ensemble énorme de techniques permettant de réaliser cette voie

On peut distinguer les yogas védantiques, samkya, karma , bhakti, jnana, raja, des yogas tantriques, hatha, Kundalini, mantra, nada, laya, swara pour les plus connus d’entres eux

La plupart des yogas védantiques utilisent des techniques tantriques, postures, pranayamas, mantras. La différence entre ces deux systemes vient de l’approche, des objectifs et de l’utilisation des techniques. Prenons un exemple pour comprendre la différence d’approche et d’attitude : la sexualité.

Dans le système védantique, l’abstinence, la chasteté sont préconisées. On essaye d’empêcher toute expression de cette force pour ne pas être perturbé pendant les méditations. Cela génère chez beaucoup d’énormes tensions au risque de causer un problème là ou peut être il n’y en avait pas.

Dans le tantra, si l’on perd toute son énergie pour contrôler la sexualité et qu’il n’en reste plus pour les pratiques, on finira épuisé et frustré. Il vaut mieux vivre sa sexualité et avoir le mental sans tensions pendant les techniques. En tantra on évite de se battre avec soi-même, on apprend à devenir son meilleur ami, à se comprendre et à s’accepter sans mauvaise grâce.

Etant tous uniques, il n’y a pas de règles communes, si on a besoin de telle ou telle expérience pour s’en débarrasser, on la fait. Evidemment ça demande un certain contrôle de soi et une bonne dose d’honnêteté car on peut facilement être encore le jouet d’un conditionnement

Dans le vedanta on pratique en contrôlant et en immobilisant totalement sa “nature inférieure”. Dans le tantra, notre nature inférieure s’immobilise d’elle-même sans tension, en paix.

La source illuminatrice des yogis védantiques réside dans la conscience pure (Shiva). Ils s’y connectent au moyen du cœur (bhakti) ou du mental. Ils cherchent à se libérer du piège illusoire que sont la matière et l’ego, pour s’établir définitivement dans la pure conscience, notre point d’origine à tous. On sort volontairement de la manifestation. C’est une voie “involutive”, car elle nous ramène à notre origine, elle est reliée au culte du Père et au soleil.

Le tantra utilise l’énergie, la Kundalini, comme source illuminatrice, on utilise le corps, le souffle, le mental pour s’y connecter. Pour les tantriques la matière n’est pas une illusion ni un piège c’est le champ d’expérimentation et de réalisation. Ils cherchent, comme les védantiques, la liberté (mukti) mais en plus la jouissance de la vie. Ils ne veulent pas quitter la manifestation mais l’incarner encore plus. Ils tentent de ramener la conscience pure dans la matière (le corps). Cela demande une perfection et un parfait contrôle des cinq corps (causal, subtil, mental, astral, physique). C’est une méthode évolutive, reliée à la Mère et à la lune. Rien n’empêche d’utiliser les deux méthodes et tous les grands yogis védantiques ou tantriques en sont là. Faire son possible pour perfectionner “sa machine” et selon sa nature “s’abandonner”, “s’ouvrir”, ou tout simplement se taire, faire silence volontairement ; c’est ça le véritable Tantra Yoga.


Y.F. Pour beaucoup, le Tantra est assimilé à la sexualité.

J.L. et F. G. C’est du à de mauvaises informations entretenues par le marketing. Le nom du yoga qui utilise le sexe comme technique principale est le Vajra Yoga. Ce n’est que l’une des très nombreuses branches du Tantra. C’est une technique à part entière qui demande d’abord d’être un yogi confirmé, de trouver LE partenaire à la hauteur et d’avoir une conscience très évoluée de part et d’autre. On est loin d’histoires de papouilles ou d’orgies romaines. Le sexe est le moyen d’unir les polarités et les consciences. L’ego avec ses problèmes de frustrations, de pouvoirs et de reconnaissance n’a rien à voir ici. Il est parfaitement ridicule de penser qu’on puisse faire le Vajra avec n’importe qui et changer fréquemment de partenaire. Ça tout le monde connaît et ce n’est pas du yoga. Selon Swami Satyananda, une dizaine de couples seulement serait qualifiée pour le pratiquer. Vu le peu de candidats, les maitres qui enseignent ce yoga sont plus que rares. Personne ne les connaît car ils ne font aucune publicité. Ce sont eux qui viennent voir les futurs initiés. Pas la peine de se mettre en quête. Quand à ceux qui prétendent l’enseigner est-il besoin d’en parler ? Espérons que se cachent parmi eux quelques bons thérapeutes et pas simplement des commerçants peu honnêtes.


Y.F. Quel est l’objectif des grands maîtres actuels ?

J.L. et F. G. Au niveau humain et planétaire, ils aident à maintenir l’équilibre entre les polarités. Ces dernières années beaucoup sont décédés. Les déséquilibres risquent de s’accentuer. Ils maintiennent la connaissance du yoga en initiant de futurs grands maitres et aident l’humanité à passer au prochain niveau en éclairant de nouvelles facettes et approches des yogas.


Y.F. Que pensez-vous des nouveaux yogas ?

J.L. et F. G. C’est comme pour la nourriture, chacun mange ce qu’il lui plait. S’ils font du bien à leurs pratiquants c’est déjà très bien. Même si ce n’est pas toujours du yoga et que des erreurs sont faites, le bon surgira inévitablement.

Le yoga évolue régulièrement dans ses formes pour s’adapter au mieux à la conscience des individus. Il évolue dans sa présentation mais pas dans son contenu. Là tout est déjà structuré. Il y a 112 techniques de réalisation toutes révélées depuis longtemps. Tout nouveau yoga digne de ce nom s’articule autour d’une ou plusieurs de ces 112 techniques. Pour les spécialistes et les puristes que nous sommes et sans vouloir attaquer personne, simplement pour clarifier le domaine pour les lecteurs, certains de ces nouveaux yoga ne méritent pas de porter ce nom. Ce n’est pas du yoga et ceux qui les ont fait le savent très bien. Ils ne subsistent que par un phénomène de mode. D’autres ont des approches intéressantes même s’ils sont largement incomplets. Reste à voir ce que ça donnera dans le futur.

Le yoga ce n’est pas de la gym. Prendre une posture acrobatique, s’asseoir en lotus, être très souple, très fort ou bien parler ne fait pas de nous des yogis. Les bienfaits sur le corps sont l’une des conséquences bénéfiques du yoga mais l’immense apport du yoga, ce qui fait que c’est LE YOGA, activité irremplaçable, c’est de pouvoir ouvrir à volonté la “voie du milieu”, située dans la moelle épinière. C’est lorsque cette voie du milieu est ouverte que commence le yoga à proprement parler. N’importe quel système de yoga doit pouvoir ouvrir cette voie. Autrement ce n’est pas du yoga. Lors de cette ouverture ce n’est plus notre ego qui est actif mais notre véritable nature. Plus la voie reste ouverte, question d’entraînement, plus la personnalité se revêle et l’énergie augmente. Notez que l’ego n’est que le sens de l’individualité pas de la personnalité. Son fonctionnement, c’est l’alternance droite gauche, la meilleure preuve : bien que très individualisé, l’ego doute toujours de lui car il ne sait pas qui il est. Le yoga est fait pour que l’individu s’épanouisse bien au delà de son corps physique et de son ego.

Au début, les premières ouvertures produisent l’Eveil de la personne, la pratique régulière, la maturité et le Samadhi. C’est pour cela que le yoga est fait avant toute autre chose. Mais rien n’interdit d’y prendre ce qui nous intéresse et de laisser le reste

Le Kundalini et le laya yoga sont les plus experts pour ouvrir et purifier la shushumna nadi, “la voie du milieu”. Le hatha yoga est aussi particulièrement indiqué. Mais très rares sont les professeurs, nouveaux yogas ou pas, qui savent que le hatha yoga sert à cela et comment procéder. A eux de se poser la question de savoir si ce qu’ils proposent est du yoga.

Il est difficile pour un néophyte de s’y retrouver parmi toutes ces méthodes car toutes les activités physiques ont de l’interêt ne serait-ce que pour la santé et la détente mentale.

Voici quelques éléments pour y voir plus clair : si vous communiquez mieux avec vous-même, que vous êtes plus détendu et plus stable depuis le début de votre pratique, si pendant ou après votre séance vous avez durant de longues minutes les deux narines bien ouvertes avec exactement le même flux de chaque côté ou si le souffle s’arrête spontanément à poumons vides sans même le vouloir après votre séance ou pendant la journée , soyez sûr que votre pratique est bonne. Si cela ne se produit pas, soit votre pratique n’est pas du yoga, soit vous êtes mal préparé.


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